En 1620, le Mayflower, un navire anglais, fit un périple historique en transportant un groupe de familles, désormais connues sous le nom de Pèlerins, de l’Angleterre vers le Nouveau Monde. Après une traversée de 10 semaines, le navire et ses 102 passagers, accompagnés d’un équipage d’environ 30 personnes, atteignirent la côte de ce qui est aujourd’hui les États-Unis, mouillant près de la pointe du cap Cod, dans le Massachusetts. Les Pèlerins, des protestants séparatistes, cherchaient à fonder une nouvelle église, aspirant à une vie loin de ce qu’ils percevaient comme la corruption et l’idolâtrie de l’Église d’Angleterre et de l’Église catholique. Aujourd’hui, le Mayflower est perçu comme un emblème culturel significatif dans l’histoire des États-Unis.
Cet article vous fera découvrir l’histoire passionnante du Mayflower, depuis les prémisses du voyage des Pèlerins jusqu’à leur influence durable sur le Nouveau Monde. Nous vous proposerons également des sources et références pour ceux désireux d’approfondir leurs connaissances sur le sujet.
Les Origines du Voyage du Mayflower
La quête de liberté religieuse
Les Pèlerins à bord du Mayflower étaient guidés par un désir profond de liberté religieuse. Inspirés par la Réforme protestante (1517-1648) et les enseignements de Jean Calvin (1509-1564), ces dissidents religieux cherchaient à se libérer des contraintes de l’Église d’Angleterre, dirigée alors par Jacques Ier (1566-1625).
Sous son règne, l’Église d’Angleterre était l’unique religion autorisée, interdisant et punissant sévèrement toute dissidence. Les Pèlerins faisaient partie d’un groupe connu sous le nom de séparatistes, désireux de rompre totalement avec l’Église d’Angleterre pour établir leurs propres communautés indépendantes, basées sur le principe du sacerdoce universel, malgré les risques de persécution, d’emprisonnement ou même d’exécution.
La préparation du voyage: défis et décisions
Face à l’oppression, un groupe de séparatistes de Scrooby, dans le Yorkshire, décida de s’exiler aux Provinces-Unies, profitant de la tolérance religieuse du lieu. Installés à Leyde, sous la conduite de John Robinson (1576-1625), ils formèrent une congrégation stable, incluant des figures comme William Bradford, futur gouverneur de la colonie de Plymouth, et William Brewster (1566-1644), futur ancien de l’église. Cependant, les défis ne manquaient pas : crainte de perdre leur héritage anglais, difficultés économiques, et soucis pour l’avenir de leurs enfants, les poussèrent à envisager un nouveau départ.
Ils rêvaient d’une terre où exprimer librement leur foi et devenir un phare spirituel. Ainsi, ils envisagèrent de s’installer dans le Nouveau Monde. Ce projet ambitieux nécessitait cependant un financement, l’approbation royale, des navires, et des provisions.
Ils collaborèrent avec Thomas Weston, un marchand qui représentait les Merchant Adventurers, attiré par les perspectives de commerce et de colonisation en Amérique du Nord. Weston promit un soutien logistique et financier, incluant deux navires, le Mayflower et le Speedwell, ainsi que des colons supplémentaires, pas tous séparatistes, mais tous en quête d’une nouvelle vie.
Les séparatistes de Leyde acceptèrent, tout en convenant de partager les profits avec les investisseurs pour sept ans, de respecter les lois anglaises et de cohabiter pacifiquement avec d’autres colons. Ils renoncèrent à s’établir dans la vallée de l’Hudson, convoitée par les Néerlandais, et ajustèrent leur cap vers la Nouvelle-Angleterre.
Le Voyage Transatlantique
Les conditions à bord
La traversée du Mayflower, un bateau marchand de 27 mètres de long et 7 mètres de large, n’était pas une croisière de luxe pour ses 102 passagers et l’équipage. Conçu pour le fret plutôt que pour le transport de personnes, il offrait un espace de vie précaire dans l’entrepont, sombre et humide, où dormir s’apparentait à s’entasser sur des couchettes ou directement sur le plancher.
L’accès au pont extérieur était rare, forçant la cohabitation dans un espace étroit, partageant un unique cabinet de toilette et se nourrissant d’une alimentation monotone et rationnée. Les défis quotidiens comprenaient également la lutte contre les maladies, les parasites, les mauvaises odeurs, et les intempéries, sans oublier l’ennui, à peine combattu par quelques livres, jeux et instruments musicaux.
Les défis rencontrés en mer
Durant son périple entamé le 16 septembre 1620, le Mayflower se heurta à des tempêtes violentes qui retardèrent son avancée et endommagèrent sa structure. De multiples avaries, dont un mât fissuré et une voile déchirée, mirent à l’épreuve la résilience de l’équipage et la survie même du navire, menacé par des fuites d’eau. Ces conditions extrêmes eurent un impact lourd sur la santé des passagers, entre maladies et accidents, et virent la perte de vies humaines, tout comme la naissance et la mort tragique de William Butten en mer. L’équipage et le capitaine Christopher Jones durent faire preuve d’une détermination sans faille pour surmonter ces obstacles.
L’arrivée à Plymouth Rock
Le 9 novembre 1620, après 65 jours en mer, le Mayflower atteignit enfin le cap Cod dans le Massachusetts, loin de leur destination initiale prévue plus au sud, dans la région de la baie de l’Hudson. À cause des vents contraires et des courants, ils se retrouvèrent hors des territoires autorisés par leur patente royale, dans une zone appartenant à la Compagnie de Virginie du Nord. Les passagers entreprirent alors de trouver un lieu propice pour établir leur colonie, malgré le froid, la neige, et les hostilités des tribus locales.
Ils découvrirent finalement la baie de Plymouth, où ils débarquèrent le 21 décembre. C’est là que, selon la légende, ils mirent pied sur le fameux Plymouth Rock, devenant le berceau de leur nouvelle vie. Avant de quitter le bateau, ils signèrent le Mayflower Compact, jetant les bases d’un gouvernement commun et de leur engagement pour le bien-être collectif.
L’Impact du Mayflower sur le Nouveau Monde
La colonie de Plymouth: premiers jours et survie
La colonie de Plymouth, établie par les passagers du Mayflower, représente la première implantation anglaise pérenne dans la région de la Nouvelle-Angleterre. Ses débuts furent éprouvants, avec d’intenses difficultés telles que la faim, le froid et des épidémies. Le premier hiver se révéla extrêmement dur : sur les 102 passagers, seulement 51 survécurent.
Durant cette période, les colons demeurèrent à bord du navire, ancré dans la baie, jusqu’en mars 1621, moment où ils prirent pied sur la terre ferme pour construire leurs premières habitations. Le manque de provisions alimentaires, de vêtements et de médicaments fit cruellement sentir ses effets.
Néanmoins, ils reçurent le soutien de membres de l’équipage et du capitaine Jones qui leur offrit des outils et des vivres. Le Mayflower repartit vers l’Angleterre le 5 avril 1621, laissant derrière lui des colons déterminés à rester et à surmonter ces épreuves.
Le traité avec les Amérindiens
Les habitants originaux de la région n’étaient autres que les Amérindiens de la confédération Wampanoag, sous le leadership du chef Massasoit. Les débuts des relations entre colons et Amérindiens furent tendus, marqués par une méfiance mutuelle due à des affrontements passés. Toutefois, l’intercession de deux Amérindiens parlant anglais, Squanto et Samoset, permis d’établir un traité de paix et d’amitié le 22 mars 1621.
Ce traité prévoyait une assistance mutuelle en cas d’attaque, le respect des terres de chacun et la résolution des conflits par la négociation. Grâce à l’aide des Amérindiens, les colons apprirent des techniques agricoles essentielles et les deux peuples partagèrent leurs ressources lors d’un banquet en novembre 1621, marquant la première fête de Thanksgiving.
Le légat du Mayflower dans l’histoire des États-Unis
Le Mayflower et ses passagers ont marqué de manière indélébile l’histoire et la culture des États-Unis. Ils sont célébrés comme les pionniers de la Nouvelle-Angleterre, une région cruciale pour l’histoire américaine, notamment lors de la Révolution, la guerre de Sécession et l’ère industrielle. Emblèmes de la liberté de culte, de la démocratie et de l’identité nationale, le Mayflower Compact est souvent évoqué comme précurseur de la Constitution américaine. Parmi les descendants des passagers, on compte des présidents, des écrivains, des scientifiques, contribuant à en faire des figures de fierté nationale. Des répliques du navire, tel que le Mayflower II, ont été construites et sont devenues des lieux de commémoration et d’attraction touristique. Le nom Mayflower s’inscrit ainsi dans la mémoire collective américaine, symbolisant l’héritage et les valeurs du peuple.
Conclusion
Dans cet article, nous avons exploré l’épopée du Mayflower, le célèbre navire qui a mis le cap sur le Nouveau Monde en 1620, emmenant avec lui des Pèlerins depuis l’Angleterre. Nous avons détaillé les origines de leur voyage, les conditions de vie à bord, les obstacles rencontrés pendant la traversée, leur arrivée à Plymouth Rock, et l’empreinte durable du Mayflower sur l’histoire américaine. Nous espérons que cette lecture vous a été enrichissante et vous a offert un aperçu fascinant de cette page de l’histoire des États-Unis.
Pour ceux désirant approfondir leurs connaissances sur le Mayflower, nous encourageons la consultation des sources et références citées en fin d’article. Pour une immersion plus complète, le site officiel de Mayflower 400 offre une célébration du quatrième centenaire du voyage, avec au programme des événements, expositions, et ressources éducatives dédiées. Une visite à Plymouth, Massachusetts, s’avère également instructive, où le Mayflower II, réplique minutieuse du navire original, ainsi que le Plimoth Plantation, musée vivant, reconstituent la vie des premiers colons et des populations indigènes au XVIIe siècle.