En octobre 2024, le gouvernement français a dévoilé ses principales orientations pour la planification maritime, avec un focus particulier sur l’éolien en mer. Alors que la France s’engage fermement vers la neutralité carbone d’ici 2050, l’éolien en mer représente un levier clé de cette transition énergétique, visant à fournir 20 % de l’électricité du pays à cet horizon. Avec un objectif ambitieux de 45 GW d’éolien en mer d’ici 2050, le gouvernement met en place une stratégie détaillée pour atteindre ces cibles, tout en conciliant préservation des écosystèmes marins et développement économique.
Une planification ambitieuse pour 2035 et 2050
Actuellement, la France dispose déjà de trois parcs éoliens en mer en service, trois autres en construction et plusieurs autres en cours de procédure d’attribution. La planification maritime dévoilée prévoit l’identification de zones prioritaires pour le développement de l’éolien en mer. À court terme, les autorités visent à attribuer 15,5 GW supplémentaires d’ici 2035, avec des parcs devant entrer en service entre 2033 et 2040. À plus long terme, l’objectif est d’atteindre 45 GW d’ici 2050, en lançant des appels d’offres pour la construction de nouveaux parcs sur les différentes façades maritimes du pays.
Cette démarche inclut des études techniques et environnementales, qui seront menées en mer dès cet automne, dans le but d’identifier les zones les plus appropriées pour le développement de ces infrastructures. Le dixième appel d’offres (AO10), prévu pour les mois à venir, couvrira une puissance totale de 8 à 10 GW, représentant une augmentation significative de la capacité installée actuelle.
Préserver les écosystèmes marins et soutenir l’économie bleue
L’un des enjeux majeurs de cette planification est la préservation des écosystèmes marins. Le gouvernement s’est engagé à garantir que le développement de l’éolien en mer respecte les équilibres écologiques et s’intègre de manière harmonieuse avec les activités existantes, notamment la pêche. Les parcs seront ainsi situés à des distances optimales des côtes pour minimiser les impacts visuels et écologiques, tout en tenant compte des coûts de raccordement et des contraintes techniques.
La stratégie maritime ne se limite pas à l’éolien. Elle comprend également des initiatives pour renforcer l’économie maritime française, avec un soutien accru à la pêche durable, à l’aquaculture, ainsi qu’à la formation des professionnels du secteur. D’ici 2027, le nombre d’officiers formés à l’École nationale supérieure maritime (ENSM) devrait doubler, tandis que l’innovation sera encouragée dans des domaines comme les biotechnologies marines et les solutions technologiques durables.
Un débat public pour une planification concertée
Afin de garantir la transparence et l’adhésion des parties prenantes, le gouvernement a sollicité la Commission nationale du débat public (CNDP) pour mener une consultation élargie. Ce débat, qui s’est déroulé de novembre 2023 à avril 2024 sur les quatre façades maritimes françaises, a permis de recueillir plus de 4 000 contributions et propositions. Il a abouti à l’élaboration de cartes précises pour les prochaines installations éoliennes en mer, prenant en compte les enjeux de biodiversité et les activités économiques locales.
Un observatoire pour suivre les impacts de l’éolien
Afin d’accompagner ce développement et d’assurer un suivi rigoureux des impacts environnementaux, un observatoire national de l’éolien en mer a été mis en place en 2022, avec un budget de 50 millions d’euros sur trois ans. Cet observatoire a récemment lancé un appel à projets pour mieux comprendre les interactions entre l’éolien en mer et la biodiversité marine, en collaboration avec des organismes de recherche, des associations et des bureaux d’études. Les premiers résultats de ces études devraient être disponibles à partir de 2024, et des recommandations seront émises pour ajuster les futures installations en fonction des données collectées.
Prochaines étapes
Les documents stratégiques de façade maritime seront mis à jour d’ici fin 2024, intégrant les conclusions du débat public ainsi que les nouvelles cartographies des zones prioritaires pour l’éolien en mer. Ils feront l’objet de concertations locales supplémentaires, avant leur approbation prévue à partir de l’été 2025. Le développement de l’éolien en mer en France s’inscrit dans une vision à long terme, visant à concilier la transition énergétique avec la protection des écosystèmes marins et le développement économique des territoires littoraux.